Le remboursement des protections périodiques
ou la précarité menstruelle
En France, les jeunes filles ont leurs règles en moyenne à 12,6 ans.
Les femmes ont en moyenne leurs règles 500 fois dans leur vie.
Une chose chose est sûre, au beau milieu de cette controverse: le sujet n'est sur la table que depuis relativement peu de temps.
Et pour cause, dans un sondage mené auprès des étudiant.e.s de l'université de Nantes*, 41,1% disent avoir entendu parlé pour la première fois de la précarité menstruelle entre 2017 et 2018.
Si nous n’avons pas assez de recul pour voir clairement ce qui nous a menées jusqu'à notre controverse, nous pouvons cependant émettre des hypothèses.

*sondage réalisé auprès de 334 étudiant.e.s de l'université de Nantes (dont 254 femmes) entre le 2 décembre 2019 et le 20 janvier 2020.
Il faut tout d'abord rappeler que la France a pu être inspirée par ses collègues Européens, notamment l’Irlande où les produits menstruels ne sont pas taxés, ou encore l’Ecosse (voir notre article ).
Tara Heuzet-Sarmini, fondatrice de l’association Règles Élémentaires a eu ce déclic après avoir étudié au Royaume-Uni et vu que des associations organisaient des collectes. Elle s’est rendue compte que de telles initiatives n’existaient pas en France et à donc décidé de lancer l’association.
Et c'est aussi dans un contexte particulier que s'est développé la controverse en France: celui du mouvement #Metoo. C'est en effet pour beaucoup de femmes le point de départ de cette controverse, puisqu’il a participé à la libération de la parole, notamment sur des sujets comme les violences sexistes et sexuelles, et a permis d’aborder des sujets tabous qui ne devraient pas l’être. C’est en effet depuis 2017 que beaucoup de femmes entendent parler ou simplement pensent à cette idée de remboursement, même si la cherté des protections étaient déjà évoquée parfois, notamment avec la baisse de la taxe tampon en 2015 (voir notre article ).
Georges Brassens, Les passantes - clip de Charlotte Abramow
On estime à environ 8€ par cycle le prix des protections périodiques et antidouleurs, soit en moyenne 4000€ dans la vie d’une personne menstruée.
Et c’est sans compter les culottes et draps tachés à racheter!
L'impact des réseaux sociaux
L'impact des associations
Nous pouvons, et devons, noter l’émergence de nombreuses associations qui luttent depuis un certain temps maintenant, les plus vieilles datant en général de 2015: Règles élémentaires était une des premières. Elle se définit en tant que: “Première association de lutte contre la précarité menstruelle”. Et en effet, elle se dédie exclusivement à la collecte de protections périodiques et au tabou des règles pour venir en aide aux plus démuni.e.s.
De plus, si des associations féministes se spécialisent dans cet aspect, d’autres, comme le secours populaire, nous informent que le plus dur à obtenir de la part des gens lors des collectes ce sont les produits d’hygiène, et notamment les protections périodiques parce que personne n’y pense, pas même les femmes non concernées par cette précarité. Les associations sont donc aussi à l’origine de cette controverse, étant souvent les premières à avoir pris conscience de cette question par rapport à nos voisins, et demeurent encore aujourd’hui une des premières forces dans cette lutte contre cette précarité toujours aussi répandue. Ce sont elles qui organisent des collectes un peu partout en France depuis que l’on parle de ce sujet et ce sont aussi elles qui libèrent la parole sur ce sujet tabou et qui ont permis l’impact des réseaux sociaux dans la mise à l’agenda.
A partir de là, les réseaux sociaux ont en effet eu un impact sur l'émergence de la controverse. A la suite de #Metoo, les réseaux sociaux se sont emparés du sujet: ainsi la pétition d’Axelle de Sousa, ancienne SDF, est diffusée très largement sur les réseaux pour lutter et dénoncer la précarité menstruelle. Elle a atteint 50 000 signatures en un an.
Et depuis quelques années on voit émerger sur les réseaux sociaux tels qu’Instagram des pages dont le but est de libérer la parole des femmes sur le sujet des règles. Ces pages permettent également d’informer et d’éduquer les gens sur des thèmes tels que l'endométriose ou justement la précarité menstruelle. Parmi ces comptes, on peut évoquer la page Instagram de Règles Élémentaires, le compte @jemenbatsleclito ou encore @ça_va_saigner (liste non exhaustive). Ces comptes ont eu indéniablement un vrai rôle dans la mise à l’agenda de notre controverse et pour cause, selon notre sondage, 72,4% des gens, de toute nature confondue, disent avoir été informé sur la précarité menstruelle grâce aux réseaux sociaux.