Le remboursement des protections périodiques
ou la précarité menstruelle
“Avoir ses ragnagna”, “les anglais débarquent”, “alerte rouge” et bien d’autres. Tant d’expressions pour désigner ce phénomène dont on ne doit pas prononcer le nom: les règles. Et pour chiffrer ce tabou, Justine Courtot, co-réalisatrice du documentaire “ 28 jours” nous informe qu’il y a plus de 5000 expression pour désigner les règles. 5000 expressions qui ne nomment jamais ce phénomène pourtant si commun.
Bien que les règles ont toujours été un phénomène qui dérangeait, cela n’a pas toujours été tabou, ou du moins pas à ce point. Dans sa vidéo sur les règles dans l’histoire, Charlie Danger nous explique qu’il n’y a pas toujours eu un tel dégoût pour les règles au travers de l’histoire.
Durant l’Égypte ancienne, par exemple, les règles étaient certes considérées comme impures, mais également comme un phénomène naturel.
Durant l’Antiquité, elles étaient le témoin de la sexualité, un passage de la vierge à la femme qui était signe de fécondité. Elles représentent cependant un signe d'infériorité physiologique. Les règles étaient vues comme un indicateur de vie. Les femmes pouvaient être vues comme des déesses à cette époque. Effectivement, les femmes saignaient tous les mois mais n’en mourrait pas. Or, lorsque des personnes saignaient cela signifiait souvent qu’elles étaient blessées et elles pouvaient facilement en mourir.
La situation évolue peu jusqu’au XIXème siècle où les menstruations sont toujours dénigrées, tout comme les femmes durant cette période. A tel point que l’on interdit l'accès à certains lieux aux femmes ayant leurs règles. En effet, il existe à cette période une forte superstition supposant que le sang des règles contient du poison et que les femmes peuvent donc en faire mourir tout ce qu’elle touchent. Les femmes vivent toujours cette période dans la honte et la culpabilité et une femme ayant ses règles est sale, impure et incapable d’enfanter.
1937
création du premier tampon hygiénique avec applicateur (par Tampax)
Aujourd'hui encore, on peut voir que les clichés sur la menstruation sont encore très présents, la notion de saleté et de dégoût est un thème récurrent, on considère toujours les règles comme quelque chose de dégoûtant, qu’il faut cacher.
C’est au Moyen-Age que les choses se gâtent. En effet on observe une montée de la religion, plus présente et plus oppressante. Le sang des règles est considéré comme impur et maléfique. Il est, dans l'imaginaire collectif un moyen d’expier l'impureté des femmes. Les règles deviennent donc un énorme tabou allant de paire avec les notions de rejet, de saleté, d'impureté et de danger. A tel point que si les femme trouvaient jusque là des solutions pour mettre en place ce qui s’apparenterait à des tampons à notre époque, c’est tout simplement impensable à cette époque. C’est pour les femmes une honte, ou une peur que d’avoir ses règles.
1920
la première serviette hygiénique est commercialisée
Il va falloir attendre les années 1950 et l’apparition des premiers mouvement féministes pour que les choses s'améliorent un tant soit peu.
On commence à comprendre l’aspect médical et l’utilité des règles, encore très floue à cette époque, les règles qui restent tabou, le sont donc un peu moins. On assiste en 1963 à l’apparition des premières serviettes jetables en France.
Pour Charlie Danger, vidéaste de vulgarisation historique et créatrice de la chaîne “Revue du monde”, il y a un lien fort entre la perception des règles et la place des femmes. Les liens des règles est beaucoup plus en rapport avec la place des femmes dans la société qu’avec les différentes époques.