Le remboursement des protections périodiques
ou la précarité menstruelle
Présence de produits toxiques dans les protections hygiéniques
Une expertise de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) révèle la présence de substances chimiques dans les protections hygiéniques en très faible concentration et sans dépassement des seuils sanitaires. Si les résultats ne mettent pas en évidence de risque lié à ces substances, elle recommande aux fabricants de protections intimes d'améliorer la qualité de leurs produits afin d'éliminer ou de réduire au maximum la présence de substances chimiques.
Il est aussi recommandé aux utilisatrices de ne pas garder une protection interne (tampon ou coupe) plus de huit heures et qu'il vaut mieux lui préférer un protection externe (serviette hygiénique) la nuit.
Mais même en respectant ces consignes, il est impossible d'éviter les syndromes de chocs toxiques dans la totalité des cas pour les utilisatrices de protections internes. Selon l'Anses, on trouverait des substances toxiques dans potentiellement toutes les protections, y compris celles labellisées bio.
Le nombre de femmes victimes de choc toxique ne cesse d’augmenter, bien que relativement, ces dernières années et s’il est assez peu souvent mortel, il débouche souvent sur des amputations.
ENLEVEZ VOTRE TAMPON/COUPE MENSTRUELLE ET CONSULTEZ EN URGENCE
Le syndrome du choc toxique
Le syndrome du choc toxique (SCT) est une maladie infectieuse rare mais grave, causée le plus souvent par une bactérie appelée le « staphylocoque doré ». Cette bactérie est présente de façon naturelle chez l’espèce humaine.
Dans la majorité des cas, cette bactérie n’est pas dangereuse. Cependant, chez certaines personnes prédisposées, la bactérie peut se multiplier, engendrant alors une infection et fabriquant des toxines. Ces toxines pénètrent alors dans la circulation sanguine, avant de s’attaquer à différents organes comme le foie, les reins ou les poumons.
L’infection engendre un état grippal ce qui rend son identification difficile pour le personnel médical. Elle peut, dans certains cas rares, mener au décès. En France, on répertorie en moyenne 20 cas de SCT par an, et si cela paraît peu, le nombre de cas augmente d'année en année. La plupart sont pris en charge, et seuls 5% d’entre eux mènent au décès du patient. Le taux de mortalité est donc faible.
Cette maladie est rare, car le patient doit d’abord être porteur de la bactérie, il doit être porteur d’une souche particulière du staphylocoque doré. Ensuite, il faut que cette souche fabrique une toxine suffisamment agressive pour que les effets se manifestent.
Durant vos dernières règles, combien de fois avez-vous changé de protections au cours d'une journée?
La principale cause d’un syndrome du choc toxique menstruel est l’utilisation de tampons vaginaux ou de coupes menstruelles durant une trop longue période (plus de 4 à 6 heures). Pendant les règles, le pH du vagin change, il devient alcalin; ce milieu est plus favorable pour le staphylocoque doré. Le sang stagne trop longtemps dans le vagin, permettant à la bactérie de se développer et de provoquer l’infection.
La composition des tampons ou des coupes menstruelles n’est donc pas incriminée. C’est bien la toxine libérée par la bactérie qui est responsable du choc toxique.
La mauvaise hygiène intime, telle que de garder une serviette trop longtemps, peut être à l’origine de cancer féminins comme celui du col de l’utérus.
Encore plus grave: à cause de la précarité, certaines personnes ne changent pas leur tampon suffisamment souvent, augmentant de façon significative leur risque d’être victimes du syndrome du choc toxique.
Et toujours durant vos dernières règles, combien de fois avez-vous changé de protections au cours d'une nuit?
Nous pouvons relier ces risques sanitaires à la précarité menstruelle parce qu’elle en accentue les dangers. En effet, les personnes faisant face à la précarité menstruelle n’ont pas les moyens de changer de protections aussi souvent qu’il serait recommandé. Les risques déjà présents liés aux substances présentes dans les protections qu’on trouve dans le commerce, sont d’autant plus forts lorsqu’on les garde plus longtemps.